Au risque de paraître cliché (et croyez-moi, cette idée me fait horreur), c’est à l’occasion d’une banale balade que tout a commencé. Mais je vous rassure, le théâtre de mes divagations n’est pas une brumeuse forêt bretonne, ce qui me laisse à penser que l’honneur reste, en partie, sauf (il faut se rassurer comme l’on peut).
Poussé par une incontrôlable envie d’évasion je me décidai à quitter mon appartement et cet horrible objet inhibiteur d’imagination que l’on nomme télévision. Mes errances m’ont conduit ici et là, cherchant dans l’anonymat du marcheur quelques raisons de rêver et surtout de penser à autre chose que l’enfer du quotidien rodé, huilé avec une minutie qui rassure autant qu’elle effraie tant l’inattendu devient prévisible et sans fard.
J’échouai bien vite dans le XVème arrondissement, du côté du quartier Saint-Charles. Je fus immédiatement saisi par une effervescence joyeuse que provoquait un ensemble de petits stands protégés par des tentes blanches. Il s’agissait d’une brocante, un vide-grenier, où se mêlaient déchirement nostalgique et mercantile agitation. Le brouhaha des négociations enjouées m’engloba totalement lorsque, téméraire, je me décidais à avancer au sein de la foule d’archéologues du dimanche.
Mes pas me menèrent devant un stand étrangement délaissé où une femme sans âge trônait sur un fatras organisé. En jetant nonchalamment un œil sur les bibelots épars qui s’entassaient autour d’elle, je compris bien vite le pourquoi de la désertion des clients : les prix, proposés sur d’indigentes petites étiquettes grisâtres, étaient prohibitifs. La brocanteuse me dévisageait de l’œil torve du commerçant méfiant à l’approche du badaud n’ayant aucune intention commerciale. Ignorant proprement son regard, je m’attachais à détailler chaque objet sans doute poussé par la volonté inavouée de faire payer cette agression visuelle.
Je m’arrêtais soudain sur une gigantesque armoire posée derrière la mégère. L’objet était si massif que je crus d’abord qu’il faisait partie du décor. C’était un meuble sans réel intérêt, tout en bois troué, sans doute, par l’activité de quelques vrillettes. Des plaques en laiton terni soulignaient l’emplacement de la serrure. Bref rien de très excitant… Ce qui me choquais, c’était son prix. Dans cet antre de l’escroquerie, une telle affaire semblait incongrue.
Curieux, je demandais à la personne s’il n’y avait erreur sur l’étiquetage. Son sourire, pas vraiment charmant, retrouvé à l’idée que s’ouvrent des négociations, elle m’indiqua que l’objet était très vieux et qu’il était impossible d’ouvrir les deux gigantesques portes. Elle se retrouvait donc dans l’impossibilité de vendre ce meuble inutilisable.
Était-ce la volonté de poser une action poétique (si modeste et médiocre soit-elle), ou cette maladie du consumérisme ? Je ne sais pas… toujours est-il qu’avec l’aide de cinq amis, d’une camionnette et des quelques pièces que la dame en demandait, j’achetais l’atroce machin sans même avoir réfléchi ne serait-ce qu’à l’endroit où j’allais l’entreposer…
un peu d’humour, un style vraiment éblouissant, c’est superbe et très agréable à lire. Bravo, félicitations !!!! c’est rassurant et génial de voir que de jeunes écrivains savent encore manier la langue française et en rendre toute sa beauté.
Mérite très largement d’être publié
encore bravo
Fabienne
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Merci beaucoup Fabienne pour ce gentil message.
Nous verrons, dans les semaines à venir, où nous mènera cette aventure. Est-ce qu’un livre en sortira? peut-être, je ne sais pas encore. Je dois digérer cette aventure que vous allez découvrir mais… qui sait 🙂
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