Tout d’abord, je tiens à m’excuser pour ce silence la semaine dernière. Pour ceux qui n’ont pas vu le petit message que j’ai mis sur les réseaux sociaux : j’avais la tête en vrac. Une crainte, frisant parfois la paranoïa, m’avait envahi et j’étais complètement perdu. Pour vous dire, ayant bien compris que le passage s’ouvrait dès lors que les portes de l’armoire étaient fermées, j’ai vécu avec la gueule béante de cette chose ces 15 derniers jours. Après tout, si nous avions pu faire passer notre drone avec L., pourquoi quelqu’un n’en aurait pas fait de même dans le sens inverse ?
Evidemment, il m’a été impossible de me concentrer durant les jours qui se sont écoulés depuis l’exploration fructueuse. Mais bon sang, il y a quelque chose, ou plutôt, quelque part, à l’intérieur de mon armoire. L. et moi avons convenu de rester les plus discrets possibles, afin de ne pas risquer de nous voir spoliés de notre découverte. C’est aussi pour ça qu’il n’y a aucun nom dans ces pages.
Je ne pouvais m’empêcher de me sentir irrémédiablement attiré par cet Inconnu. Cela m’effrayait mais en même temps… J’avais quelques jours de congés à poser, ce qui m’a permis de remettre mon esprit à l’endroit et m’a décidé à pousser plus loin l’expérience. Mon camarade étant très pris par ses activités professionnelles, il me demanda simplement de venir vite lui raconter tout ce que je verrai de l’autre côté.
Je me suis préparé comme pour une randonnée et j’ai emporté l’appareil photo de L. Le froid qui s’échappait du meuble depuis le début, me laissait à penser que l’air devait être respirable. De toute façon, comme j’avais constaté, avec le drone, que l’on pouvait revenir en arrière, je me suis dit que je ne risquais pas grand-chose. Stressé mais résolu, je suis entré prudemment dans l’horrible monstre de bois. Je me suis retourné et, doucement j’ai fermé les portes, prenant, sans trop savoir pourquoi, une grande respiration comme si je m’apprêtais à plonger dans un bassin.
A peine enfermé, j’ai senti l’air frais s’engouffrer et tourbillonner autour de moi. Sortant ma lampe torche, j’ai regardé le sol et j’ai très nettement distingué la forme d’une marche, visiblement en pierre, puis une autre et encore une autre. Je me suis engagé prudemment pour constater que je descendais une espèce d’escalier. Je me suis retourné pour prendre une photo, pestant contre la complexité de cet engin bien trop moderne pour moi. Les réglages n’étaient pas parfaits.

Je ne me souvenais pas que la descente du drone avait été si longue… Puis, aussi soudainement que lors de notre exploration par camera, j’ai débarqué dans un environnement boisé finalement assez semblable aux forêts de mon enfance, à ceci près qu’il était plus clairsemé et donnait immédiatement sur de grandes plaines verdoyantes et vallonnées. Sans doute étais-je en lisière d’un bois. Je me suis retourné pour voir d’où j’avais surgi et j’ai vu une espèce de ruine. L’entrée était tellement sombre que l’on ne voyait rien au-delà du seuil. Je vous ai fait une photo, mais j’avoue que j’ai vraiment du mal avec les réglages de cet appareil.
La première chose que l’on (je suppose) se demande dans ce genre de situation, c’est : “vais-je croiser du monde?”. La deuxième chose étant de ne pas s’aventurer trop loin de peur de ne plus retrouver le chemin de mon chez moi.
En marchant un peu, j’ai constaté que la nature semblait avoir ici conservé tous ses droits. Le paysage me rappelait un peu les photos que j’avais pu voir de certains coins en Irlande ou en Islande. De la verdure quasiment partout, un cours d’eau et quelques montagnes basses. Après avoir pris plusieurs photos (je vous ai sélectionné les plus réussies, je crois que je commence à avoir la main avec ce bidule), la lumière déclinant rapidement, je suis retourné vers mon rassurant mais désormais trop exigu appartement.